Kim Kardashian ligotée et dépouillée : une mauvaise nouvelle pour Paris

Le butin est impressionnant : au moins 9 millions d’euros de bijoux, dont la bague (d’une valeur de 4 millions d’euros, ornée d’un diamant de 20 carats) offerte pour son mariage ainsi qu’une cassette de bijoux prêtée par une grande marque de joaillerie. Le braquage de Kim Kardashian cette nuit, près de la Madeleine, dans son appartement niché dans un hôtel particulier réputé pour sa discrétion, n’est pas une bonne nouvelle pour Paris déjà fragilisé par les attentats de novembre dernier.

La star de la télé-réalité était présente dans la capitale française pour assister à la fashion week . Elle avait fait le show à merveille, multipliant les selfies sur instagram et sur snapchat, prodiguant sous chaque cliché des messages d’amour à Paris, naviguant de soirées en défilés, le plus souvent étincelante de bijoux. Elle séjournait à l’hôtel de Pourtales, situé rue Tronchet.

L’hôtel de Pourtales, somptueux hôtel particulier appartenant depuis longtemps à la célèbre famille de Pourtales, héberge depuis 2010 l’établissement No Adress, qui met à la disposition de sa riche clientèle des appartements et des suites luxueuses prisées par les stars. Neuf appartements en tout et pour tout. Pas de réceptionniste, ni d’accueil. On est dans un lieu intime avec plusieurs sorties cachées. Le plus grand des appartements s’entend sur 350 mètres carrés avec une verrière et une vue imprenable sur tout Paris. Il sert souvent de lieu de réception à toutes sortes d’évènements liés au monde du luxe.

Vers deux heures du matin, le veilleur de nuit de l’hôtel de Pourtales est mis en joue par deux individus (ils portent un blouson de policier). Le veilleur conduit les malfaiteurs jusqu’à l’appartement de la star qui sera ligotée (certains médias diront même « saucissonnée ») puis enfermée dans la salle de bain de l’appartement. Elle donnera l’alerte elle même après le départ de ses agresseurs. En état de choc bien compréhensible, mais néanmoins saine et sauve physiquement, la star a quitté la France ce matin (après avoir porté plainte) pour rejoindre les Etats Unis.

Nous sommes dans le cadre d’un fait divers. Une riche propriétaire agressée chez elle, dans une résidence privée (l’hôtel de Pourtales n’est pas une résidence hôtelière stricto sensu) par des individus déguisés en policier. Dans le jargon judiciaire, on appelle ce délit un vol « sous fausse qualité ». Il concerne en général les personnes agées. « Un fait divers qui pourrait arriver dans n’importe quelle autre ville du monde » affirme la mairie de Paris. Il a certes un retentissement mondial étant donné l’immense popularité de Kim Kardashian (l’info tourne en boucle sur les chaines d’informations aux Etats-Unis mais aussi en Asie) mais il ne peut remettre en cause les mesures engagées pour la sécurité des parisiens. C’est en substance ce que déclare Anne Hidalgo sur twitter : « Cet acte très rare, survenu dans un espace privé ne remet en aucun cas en cause le travail des policiers et la sécurité de l'espace public." On comprend néanmoins que cette ténébreuse affaire inquiète fortement les professionnels du tourisme.

« On n’a pas attendu Kim Kardashian pour défendre les touristes »

On ne s’étonne pas non de voir que les hommes et les femmes politiques s’emparent de l’affaire pour polémiquer. C’est Nathalie-Kosciusko-Morizet, candidate malheureuse à la mairie de Paris qui a tiré la première, fustigeant sur Europe 1 le climat d'insécurité dans la capitale. "Vous vous rendez compte de la contre-pub que ça représente? Il y a une urgence générale sur la sécurité à Paris", a déclaré la candidate à la primaire à droite avant de rajouter : "Aujourd'hui, on peut faire toutes les publicités que l'on veut pour Paris, qui coûtent très cher. Toutes ces publicités ont été annulées brutalement par l'affaire Kim Kardashian qui va tourner en boucle sur tous les médias."

NKM a ensuite été rejoint dans sa plaidoirie par le vice-président du FN Florian Philippot qui s’est ému en ces termes : « "Le tourisme va encore payer cette insécurité chronique en France". Bruno Gollnisch rappelle de son coté que nous sommes pourtant en plein Etat d’urgence.

Sans vouloir sous estimer les arrières pensées politiques des différents élus, il faut cependant bien constater que Paris fait face depuis novembre dernier à une véritable hémorragie de touristes. L’Express rappelle avec justesse les chiffres : avec 14,9 millions d'arrivées hôtelières sur le premier semestre, la fréquentation touristique de la capitale et de l'Ile-de-France est en recul de 6,4 pour cent par rapport à l'année 2015. Au total, de janvier à fin juin, les hôteliers franciliens ont accueilli un million de visiteurs de moins que l'année dernière.

Ce contexte tendu explique surement l’émotion qui régnait ce matin au cœur de la fashion week. Les professionnels de la mode craignent que cette hémorragie continue de plus belle, car ce fait divers qui touche une star du front row. Certains redoutent déjà le déclin de la place de Paris face à New York où ce genre de péripétie semble inconcevable. Jean-Francois Martin, adjoint au tourisme de la mairie de Paris tient malgré tout à remettre les pendules à l’heure et à rassurer les esprits : "On n'a pas attendu Kim Kardashian pour protéger les touristes", s'est-il défendu sur BFM TV, rappelant la présence renforcée des forces de l'ordre dans la capitale à la suite des attentats. On n’est pas exactement dans une expérience touristique traditionnelle. Il s’agissait d’une personnalité portant 10 millions d’euros de bijoux sur elle, et qui était dans une demeure privée ». Un argumentaire un peu tendancieux à vrai dire. Cela signifie t’il qu’une personnalité choisissant de porter des bijoux doit forcement s’attendre au pire ? Et que la seule attitude officiellement recommandable à Paris soit désormais de faire profil bas ? Pas sur que cette nouvelle donne fasse revenir les touristes chinois déjà terrorisés à l’idée de mettre les pieds à Paris depuis quelques mois.

Credit photo: capture d’écran Instagram